LA GAZETTE DROUOT N° 32 DU 15 SEPTEMBRE 2023
L’art sacré ne fait pas de manières
De l’Antiquité au Moyen Âge, la thématique religieuse imprègne une collection rassemblée sur vingt-cinq ans. La spiritualité est le lien qui unit les œuvres de cet ensemble pensé par un érudit en philosophie et en théologie. Une soixantaine d’œuvres Haute Époque précèdent une quarantaine de pièces archéologiques, transcendant les civilisations et témoignant de traditions que nous avons reçues en héritage. Constituant l’une des pièces phares de cet ensemble, ce retable de la fin du Moyen Âge illustre la maîtrise atteinte par les sculpteurs brabançons. Dans ce duché des anciens Pays-Bas, les riches cités de Bruxelles et d’Anvers, mais aussi de Malines, se sont spécialisées dans ce type de production associant sculpture et volets polychromes, exportée en Europe aux XVe et XVIe siècles. Avec une narration pleine de verve servie par le haut relief, l’artiste a figuré l’apôtre Jean soutenant la Vierge près de Marie Salomé, Marie Clopas et Marie-Madeleine agenouillée. On reconnaît également Stéphaton, le centurion qui offrit une éponge imbibée de vinaigre au crucifié, et Longin, le soldat romain qui perça le flanc de Jésus de sa lance. Ce dernier porte une main à ses yeux, la Légende dorée faisant de cet homme un aveugle guéri de sa cécité – tant physique que spirituelle – par le sang du Christ ayant éclaboussé son regard. Sur les volets, les personnages marqués par le gothique tardif «maniériste», caractérisés par des vêtements aux plis marqués, des coloris précieux et contrastés, et des lignes élégantes, ont probablement été peints dans l’entourage de Cornelius Engebrechtsz. Tout aussi expressif avec ses pupilles en pâte de verre, un masque funéraire du IIe siècle avant notre ère fera revivre une Égyptienne de l’époque romaine. Son visage de stuc est couronné par une tresse surmontant des cheveux délicatement ondulés, et paré de boucles d’oreilles ornées de perles également représentées (10 000/12 000 €).
MERCREDI 20 SEPTEMBRE, SALLE 4 – HÔTEL DROUOT. MILLON OVV.
MME D’AMÉCOURT
Claire Papon et Sophie Reyssat
LA GAZETTE DROUOT N° 44 DU 8 DÉCEMBRE 2023
Les arts libéraux en majesté
Décorée d’une somptueuse allégorie, une coupe en ivoire quittait son étui de cuir rouge en toute transparence.
La qualité de sculpture sur ivoire de cette coupe la rattache forcément à l’un des grands maîtres allemands de la seconde moitié du XVIIe siècle, tels Jacob Erhart, Jacob Auer, Caspar Schenck ou Balthasar Griessmann. La comparaison avec trois autres coupes – toutes datées des années 1660 à 1680 –, présentées dans des collections publiques internationales (deux au Kunsthistorisches
Museum de Vienne, une au Detroit Institute of Art), notamment au niveau du traitement des pans vides de la panse et des putti proches des anses, permet de la rapprocher du dernier. Griessmann était réputé pour ses créations complexes
en ivoire, maîtrisant à la fois la sculpture de figures et l’art du tour, à une époque où ce type d’objets, créés pour des princes et de grands érudits fortunés, était particulièrement recherché pour orner leurs cabinets de curiosités. La représentation des sept arts libéraux – grammaire, rhétorique, philosophie, arithmétique,
géométrie, astronomie et musique – en haut relief sur la panse, d’une figure de Neptune en bas relief à l’intérieur et les anses en forme d’un buste féminin, sont ici parfaitement exécutées. Cet objet, répertorié en 1904 sous le numéro 34 du
catalogue de la collection de Jean-Charles Seguin (1857-1909), industriel et collectionneur ayant notamment légué tous ses camées et pierres gravées à la Bibliothèque nationale, était depuis demeuré dans la même famille ; il la quittait, doté de 172 800 €.
Anne Doridou-Heim
The Art Newspaper - 6 janvier 2021
Le Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection (SFEP) vient d’agréer Isabelle d’Amécourt en tant qu’expert indépendant.
Spécialiste en œuvres d’art et sculptures anciennes, celle-ci a passé quatre ans chez Bonhams puis a rejoint Christie’s, toujours à Londres. En 2009, elle crée le département de sculptures et objets d’art européens chez Christie’s à Paris, et participe à la vente de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Toujours pour cette maison, qu’elle a quittée à l’automne dernier, elle a organisé l’exposition-vente de pièces de la collection Hubert de Givenchy, en 2012, évocation de la galerie de Girardon, et supervisé la vente privée au Louvre des pleurants du duc de Berry (2013-2016). Isabelle d’Amécourt pourra donc intervenir dans le cadre de ventes aux enchères. Forte de 16 ans d’expérience au plus haut niveau, en France et à l’international, elle a en outre développé une activité privée de conseil. « Pour des pièces muséales, les collectionneurs sont toujours là, confie-t-elle. Je cherche pour eux, et vais voir les pièces, ce qui reste primordial pour la sculpture ».
Alexandre Crochet
Un beau groupe flamand du XVe siècle, représentant Marie-Madeleine et Jacqueline de Bavière, comtesse et cousine de Philippe le Bon, sera mis en vente le 25 juin chez Christie’s. Isabelle d’Amécourt, directrice du département sculpture et objets d’art, évoque pour Aleteia cette iconographie étonnante où Marie-Madeleine semble transfigurée par la grâce.
Debout, reconnaissable grâce à sa longue chevelure bouclée et son pot à onguents qu’elle utilisa pour laver les pieds du Christ chez Simon le Pharisien, Marie-Madeleine pose ici de façon singulière. À ses pieds, un femme est agenouillée. Il s’agit de la donatrice, Jacqueline de Bavière, femme de pouvoir et cousine du duc de Bourgogne Philippe le Bon : « À cette époque, les donateurs aimaient valoriser leur image en se faisant représenter en peinture ou en sculpture en compagnie de saints », explique Isabelle d’Amécourt.
Commandé par Jacqueline de Bavière, ce groupe faisait partie d’un ensemble architectural plus important destiné à une chapelle privée et avait très certainement pour objectif une portée politique. « La réalisation de l’œuvre qui associe les figures de Jacqueline de Bavière et de Marie-Madeleine s’adressait directement au culte que son cousin, Philippe le Bon, vouait à la sainte. L’idée de se faire représenter avec l’un des symboles sacrés de la maison bourguignonne visait indéniablement à apaiser les tensions qui subsistaient entre elle et son cousin à la fin de sa vie », précise l’experte.
En effet, Jacqueline de Bavière était soucieuse de renforcer son statut de femme chaste pour se réhabiliter des scandales d’adultères. Sa représentation en pénitente prend alors le sens d’une ultime reddition afin d’obtenir l’effacement de l’honneur perdu. Et Marie-Madeleine joue ici un rôle de choix : « La sainte semble ici transfigurée par la grâce et guide la prière de la donatrice. L’épaule, délicatement effleurée du bout des doigts, accentue le mystère de la présence sereine guidant la fidèle sur la voie du Salut. Les yeux clos, le visage apaisé de Jacqueline de Bavière et la douceur du geste de Marie-Madeleine font transparaître la plénitude de la présence divine », explique Isabelle d’Amécourt.
Dans une ultime volonté de déposer les armes, Jacqueline de Bavière semble ainsi décidée à se retirer des tumultes du monde et à retrouver une sérénité dans le silence sacré de la prière.
Caroline Becker
La Nouvelle République - 22 novembre 2018
« Hubert de Givenchy nous a quittés le 10 mars 2018 » rappelle Jean d’Haussonville, directeur du Domaine national de Chambord. « Il lègue à Chambord son œuvre préférée, à charge pour le Domaine d’en assurer la conservation et d’en garantir une présentation monumentale ». La moindre des choses…
Hubert de Givenchy, grand couturier, émerge dans les sphères nationales et internationales dans les années cinquante, créant également une célèbre maison de parfums.
Grand admirateur de Balenciaga, il se lie d’une amitié assez exceptionnelle avec Audrey Hepburn, et habille un florilège de personnalités : Jackie Kennedy, Marlène Dietrich, Laureen Bacall, Ingrid Bergman, et tant d’autres, y compris à la cour d’Angleterre !
Toute sa vie, l’homme privé Hubert de Givenchy est passionné par la représentation du cerf. Il n’est pas chasseur, il l’aime en amateur d’art, en amoureux de la nature. « Il admire sa noblesse, sa liberté, sa puissance et sa grâce ».
De Hubert à Hubert
Évidemment, ce ténor de la haute-couture n’ignorait rien de la légende de Saint Hubert, chasseur acharné qui se convertit le jour où lui apparut au fond des bois, alors qu’il traquait un vendredi saint, un cerf fabuleux, entièrement blanc, aux bois surmontés d’une croix resplendissante. Alors Hubert (de Givenchy), Hubert (le saint), et le cerf, cela coule de source !
Voisinant avec Braque, Picasso, Giacometti, Léger dans son château du Jonchet, l’œuvre que Givenchy lègue à Chambord lui était particulièrement chère, « au point de l’amener à lui parler, à lui flatter le museau tous les jours qu’il se trouvait à la campagne, comme il l’aurait fait d’un animal de compagnie ».
Cette œuvre, c’était l’édition monumentale en bronze du Grand Cerf sculpté par François Pompon (Le Grand Cerf , très belle épreuve posthume en bronze à patine noire brillante d’origine d’après le plâtre original de 1929), qui ornait le salon du Jonchet.
Ce legs exceptionnel, c’est aussi l’opportunité – en tout cas pour beaucoup – de découvrir en François Pompon un artiste exceptionnel.
Collaborateur de Rodin
François Pompon voit le jour à Saulieu, le 9 mai 1855, apprenti dans l’atelier de son père. Il le quitte en 1870, pour devenir, à Dijon, apprenti tailleur de pierre. Il s’inscrit parallèlement aux beaux-arts.
Après l’armée, Pompon arrive à Paris vers 1875, ouvrier marbrier dans une entreprise funéraire près du cimetière Montparnasse. Il découvre la ménagerie du Jardin des Plantes, ce qui ne sera pas sans conséquences pour la suite. En attendant, il travaille comme ornemaniste pour la reconstruction de l’hôtel de ville de Paris.
On change alors de dimension en 1890 : Pompon entre dans l’atelier d’Auguste Rodin, avec qui la collaboration devient quasi idyllique : le maître lui laisse son atelier à diriger (1893). Il croise là Ernest Nivet et travaille même avec… Camille Claudel !
Pompon – la chose sera claire en 1905 – ne sculptera plus guère que des animaux. Des tas d’animaux, parmi lesquels « L’Ours blanc ». Il est typique de son travail, avec cette sorte de grandeur mais aussi de souplesse des formes polies qui ne s’appesantit pas sur les détails…
Taureau, canard, lucane, chouette, poule d’eau, foulque, pélican, panthère, sanglier, faisan, pigeon, marabout, on trouve toutes ces bestioles sur son arche de Noé !
Le Grand Cerf, désormais chambourdin, compte parmi ses chefs-d’œuvre.
« Le Domaine national de Chambord, honoré de ce legs, exprime sa profonde reconnaissance envers Hubert de Givenchy, son compagnon et sa famille. Il tient à remercier également Isabelle d’Amécourt, chez Christie’s France, grâce à qui la relation de confiance et de travail a pu se nouer. Ce legs inaugure en quelque sorte les 500 ans de Chambord. Tel était bien le sens que le donateur voulait accorder à son geste, donner une vie éternelle à son œuvre préférée… »
Le Grand Cerf vient de se placer, depuis ce mercredi 21 novembre 2018, en figure de proue dans la halle d’accueil de Chambord, entre château et forêt. Il est la première œuvre d’art offerte au regard du visiteur dans l’emplacement qui accueille le public le plus large. Et certes, son allure altière a de quoi frapper.
« Sait-on que le cerf, dont les bois tombent et se reforment au printemps, représente, comme Chambord ou la légende de Saint Hubert, une allégorie du cycle de la nature et de l’éternité ? »
Apollo Magazine - 14 novembre 2017
Sometimes lost treasures are to be found in the most obvious of places. Only last year, a Shakespeare First Folio was discovered in the library of Mount Stuart – a great Scottish house built by the bibliophile 3rd Marquess of Bute, reputedly the richest man in the world. Now, Antonio Canova’s documented but otherwise unknown marble bust of Joachim Murat has come to light – in the house of his direct descendants, the Princes Murat. It is a thrilling discovery: a work by the most celebrated artist in early 19th-century Europe depicting one of the period’s most charismatic personalities. It also happens to be a remarkable portrait.
The humbly born Murat had risen through the ranks to prove himself one of the most daring and brilliant soldiers of revolutionary France. He became Napoleon’s brother-in-law in 1800 when he married Caroline Bonaparte, then governor of Paris, prince and, in 1808, King of Naples and the Two Sicilies. In 1797, during the Italian campaign, Murat had visited Canova’s studio in Rome and admired the groups of Cupid and Psyche and Psyche revived by Cupid’s kiss commissioned by the Scottish colonel John Campbell. Campbell never paid for them, so Murat bought the sculptures in 1801 and had them shipped to France, where Napoleon saw them at a reception given in his honour in 1802. ‘It is always said that Napoleon introduced the work of Canova to France,’ says Christie’s sculpture specialist Isabelle d’Amécourt, who identified the portrait, ‘but it was Caroline and Joachim Murat.’
Bust of Joachim Murat (1813), Antonio Canova. Image courtesy Christie’s
Once installed in Naples, the royal couple furnished their palace with contemporary works of art as well as Old Masters and antiquities. Most significantly, they resumed the archaeological digs at Pompeii. Canova visited the site with Caroline when he accepted their invitation to Naples in 1813, and he also made portraits of the couple in plaster as preliminary models for marble busts that were to be executed back in Rome. While both plasters survive in the Gipsoteca Canoviana in Possagno, the fate of the marbles remained unknown to scholars (and the whereabouts of the marble bust of Caroline is still a mystery). The rediscovered marble of Murat follows the plaster exactly.
While Canova’s innovative brand of austere and archaeological neoclassicism looks cool to the point of frigidity to most modern eyes, this portrait is full of life and warmth and is far too well observed – and subtly unflattering – to be any idealised martial hero. There is a touch of hauteur in Murat’s expression, and the sculptor obviously felt at liberty to reproduce his double chin and slightly pursed lips. Murat’s reputation as a dandy is expressed by the luxuriant and deeply carved curls that rise at his crown and cascade down the back of his neck – the kind of coiffure that only painters had hitherto dared to represent. This is a man for whom his reputed last words ring true. Facing a firing squad on Corsica in 1815, he is said to have instructed his executioners: ‘Soldiers, respect the face and aim at the heart…Fire!’
As one would expect for such a commission, the marble is of extremely high quality, and its polish suggests all the suppleness of flesh rather than stone. It is hard to believe that studio assistants had anything to do with this degree of finish.
This 50cm-high bust (66cm with base) will be offered in The Exceptional Sale at Christie’s Paris on 28 November, with an ‘estimate on request’. Estimating the value of such a sculpture is hard, given that so few autograph works come to the market. The last recorded comparable sale was of the marble Ideal Head acquired by the Ashmolean Museum in Oxford in 1996. Its price tag was £746,000, but Murat is a far bigger catch than Calliope, muse of epic poetry. A few weeks ago, a signed monumental plaster head of the Rezzonico Genius changed hands at TEFAF New York Fall. It had an asking price of $4m.
Susan Moore
PARIS.- Christie’s announced that on 15 June, during the European Sculpture and Works of Art sale, treasures of medieval statuary will be auctioned: the last two figures of Mourners from the tomb of Jean de France (1340-1416), duc de Berry and brother of King Charles V (1338-1380), executed by Jean de Cambrai (known from 1375 to 1438) in Bourges circa 1396-1416.
Isabelle d’Amécourt, Head of the European Sculpture and Works of Art department: “In November 2013, two alabaster figures of Mourners from the same tomb sold for over €4M, marking a significant milestone. The sale on 15 June will offer a unique opportunity to acquire the last two marble Mourners from the same collection, and executed by Jean de Cambrai, one of the most important sculptor of his time”.
Jean de France was the third son of the French King Jean II le Bon (1319-1364), and considered one of the most prestigious patrons of his time. He set out to rebuild and renovate the castles on his main estates, and commissioned many important works of arts including the celebrated Très Riches Heures du duc de Berry, illuminated by the Limbourg brothers and displayed at the Condé Museum in Chantilly. The Holy Thorn Reliquary and Saint Agnes Cup, valued treasures of the British Museum in London, also came from his collection.
Following a tradition established by the French royal family, the duc de Berry commissioned his own tomb and appointed the sculptor Jean de Cambrai (died in 1438), a former collaborator of André Beauneveu (circa 1335-1400), to build it. The grave was to be built in the Sainte-Chapelle of the Ducal Palace at Bourges, and was designed with a life-size recumbent statue lying on a marble slab and a base decorated with a procession of forty mourners sheltered by architectural canopies. Jean de Cambrai executed the recumbent statue and five marble mourners, including ours, before Jean de France died in 1416, and any further construction had to be stopped. His grand-nephew and heir, King Charles VII, entrusted the completion of the mourners’ gallery circa 1450-1453 to Etienne Bobillet (active between 1416 and 1453) and Paul Mosselmann (active between 1441 and 1467). The present marble mourners were carved fully in the round, endowed with expressive faces and with contained postures, accentuated by vertical drapery folds, making them feel very contemporary.
The tomb was completed around 1453-59, and for three centuries lay in the center of the choir of the Sainte-Chapelle in Bourges. In 1756 the building was demolished and the duc de Berry’s tomb was moved into the cathedral’s crypt and likely sustained damage at that time. During the French Revolution, the tomb was vandalized: the architectural canopies were hammered, and the mourning figures ended up either destroyed or scattered. Only the black marble slab and the recumbent figure remained unscathed, and are still preserved within the cathedral of Bourges. To this day, twenty nine mourners have been identified. Most of them are kept in some of the most prestigious museums, including the Louvre, the Metropolitan Museum of Art and the Hermitage museum.
The mourners that will be offered at auction on 15 June 2016 are the last remaining marbles to be kept in private hands. They have been in the same family since 1807, and are considered a rare artistic display of medieval statuary.
The Wall Street Journal - 7 juillet 2012
French haute couturier Hubert de Givenchy once dressed style icons such as Audrey Hepburn and Grace Kelly. But since the dawn of his fashion career more than a half-century ago, the Frenchman (who is now 85) has harbored a lesser-known passion: the engravings of the 17th-century sculptor and collector François Girardon. Girardon was a sculptor for Louis XIV and owned some 800 artworks. He would feature sculptures he owned, and many he longed to own, in engravings of imaginary settings. "They're quite spectacular and amazing," Mr. de Givenchy said of the engravings at his 17th-century manor in the countryside southwest of Paris. During September's Paris Biennale, Christie's plans to present about a dozen bronze and marble sculptures from Mr. de Givenchy's collection, arranged amid giant reproductions of Girardon engravings, in an elaborate exhibition Mr. de Givenchy has dreamed of for years.
Visitors to Christie's main exhibition hall in Paris will enter between busts of Alexander the Great and Augustus Caesar and into a black-carpeted room covered with tapestries printed with Girardon's engravings. Mr. de Givenchy's art will be hung on the tapestries or placed in front of etchings of similar pieces, to recreate the experience of visiting Girardon's fantasy gallery. One sculpture in the show is attributed to Girardon, others appeared in his engravings and still others are similar to the art depicted in those engravings. In that third category are two 18th-century bronze figures of Venus and Venus Marina attributed to the Baroque sculptor Robert Le Lorrain. The sculptures are a highlight of the de Givenchy collection due to their condition and detail, says Isabelle Degut, head of European sculpture for Christie's in Paris. The statue of Venus Marina depicts a placid goddess holding up a wreath woven from flowers, their Lilliputian petals individually carved. The drapes of her diaphanous sash billow dramatically behind her as her back and torso muscles strain realistically to support her. At her feet are seashells and coral. The former president of Christie's advisory board prefers that the collection of mainly 17th- and 18th-century works be sold as a whole but is open to offers for individual pieces. “'No, no, not for sale!' the dealer said. Mr. de Givenchy persisted, and bought the bronzes.” For Mr. de Givenchy, the prize pieces are 18th-century statues of the river gods Tiber and Nile mirrored in Girardon's engravings. The designer chased after the French bronzes for three decades, after spotting them in New York's Wildenstein & Co. gallery. "I always wanted to buy these two, and every time Mr. Wildenstein said 'No, no, not for sale!' But two or three years ago, he was ready to sell and they were still on my mind," said Mr. de Givenchy. Christie's doesn't provide estimates of what the objects might fetch, but 18th-century marble sculptures can sell for anywhere from a few thousand dollars to more than $2 million, dealers say. A pair of the same Tiber and Nile models that Mr. de Givenchy owns were sold at the auction house Piasa in 2006 for around $1.5 million. The designer added that his grandparents planted the seeds of both fashion and art in his mind. Whenever he earned good grades in school, his grandmother would show him her rich rolls of textiles, and both grandfathers were avid art collectors. His passion for what he calls "selecting" deepened after the launch of his fashion house in 1952 brought him eclectic art-world contacts such as Carlos de Beistegui and Arturo López-Willshaw. Most of the pieces in the exhibition once stood in Mr. de Givenchy's Parisian home, including the piece attributed to Girardon—a 32-inch-tall statue of Bacchus that stood on a table in the designer's bedroom, nestled among stacks of art books.
As for the reasons for the show, Mr. de Givenchy said, "As time passes, we like to simplify our lives" and concentrate on dream projects "that we hold in our hearts." Christie's has collaborated with a top French designer before. A much-hyped 2009 auction of art collected by Yves Saint Laurent and his partner brought in $443 million.
Mary M. Lane
Je cherchais depuis longtemps une Vierge, avec un enfant si possible. Longtemps, mon idéal fut celle de Jean Fouquet, avec la sortie explosive de ce sein rond et blanc. C'était avant de découvrir la Madone Litta de Boltraffio avec le poids ineffable de l'enfant, la fragilité du vivant. J'en voulais une comme ça, unique et rare, et qui me parle, et qui soit sur le marché. Ça ne venait pas. Je tournai mélancoliquement les pages des livres d'art qui composent le livre d'heures de mes impossibilités lorsqu'un courriel de Christie's, autant dire du Christ lui-même, tinta à l'intérieur de ma boîte pour m'informer de la vente prochaine de la collection Marquet de Vasselot. En pièce jointe, l'image d'une Vierge à l'enfant du XIIIe siècle, en ivoire. Vas ivoire, me suis-je dit.
Jean-Joseph Marquet de Vasselot est né à Paris en 1871. Licencié en lettres, il sort en 1896 diplômé de l'Ecole du Louvre dont il sera l'un des conservateurs avant de devenir le directeur du Musée de Cluny. Entre-temps, il s'est marié avec Jeanne, fille de Victor Martin Le Roy, éminent collectionneur d'art ancien et vice-président de la société des Amis du Louvre, lui-même devant sa fortune à son beau-père Jean-Gustave Lebaudy (les sucres). Outre leur amour pour Jeanne, le gendre et le beau-père partagent la passion de l'art médiéval. Le premier établira le catalogue raisonné de la collection dont il héritera à la mort du second. Cette collection de Martin Le Roy fut présentée à l'Exposition universelle de 1900, une fois pour toutes. Depuis cent onze ans, personne n'a pu voir et encore moins photographier ce trésor devenu, par la vertu de cette sanctuarisation, mythique. Restait à savoir si, en sortant au grand jour, la réalité des objets serait à la hauteur du mythe. Je prends donc rendez-vous avec Isabelle Degut, responsable de la vente chez Christie's. "Si vous voulez bien me suivre."
On descend l'escalier, on traverse la salle de ventes transformée en vaste studio de prises de vues : ils préparent le prochain catalogue, et nous voilà dans les coulisses, les couloirs, les profondeurs du célèbre établissement. Je remarque au passage la présence d'un couple de dauphins sur un plateau à roulettes, brève allusion aux dauphins de la République (en danger), et Isabelle Degut me fait entrer dans une petite pièce aussi moche que peut l'être la salle des coffres à la banque : deux chaises, une table, et les 24 lots de la vente posés sur des étagères.
On s'assied, je me sens important. D'abord des émaux de Limoges, éléments de décoration de croix ou plat de reliure. Un pion d'échecs en ivoire sculpté, des étuis à couverts en cuir bouilli, un manuscrit enluminé. "Et maintenant, le top lot."
Elle est couchée sur du coton à l'intérieur d'une boîte dont on connaît le menuisier : c'est celui auquel le Louvre commandait ses boîtes vers 1900. Isabelle Degut sort la Vierge, dresse ses 37,8 cm sur la table. Je la touche, je la tourne. Je pense qu'à ce moment-là ma femme serait déjà en train de pleurer, donc je me retiens, mais c'est elle, cette Vierge à l'enfant que je cherchais, de toutes les Vierges gothiques connues, c'est autant l'arête du nez que les plis du voile qui font la sublimité de celle-ci, je la caresse et je n'entends guère les détails concernant son identité, sa valeur immense, son âge : fin du xiiie siècle. Elle proviendrait de l'abbaye Saint-Michel de Frigolet. Il faut aller à Frigolet, c'est près d'Avignon, perdu dans la montagne, un monastère, le parfum du thym sauvage, les cigales, la fraîcheur du cloître, elle aurait donc vécu là cinq siècles, jusqu'à la Révolution, quand elle fut sauvée du pillage par l'avide bonté d'un inconnu. C'est son petit-fils qui la vendra à M. Bligny en 1882 qui la cédera à Martin Le Roy.
Allez la voir avant qu'un nouveau jaloux, fort de ses 2 ou 3 millions d'euros, ne la mette à l'abri des regards pour un siècle de plus.
Christophe Donner
Un ensemble exceptionnel d'art décoratif du Moyen Âge sera dispersé mercredi, chez Christie's, à Paris.
Elle est extraordinaire de beauté et de délicatesse. Son voile plissé semble se soulever imperceptiblement dans un mouvement de côté, épousant la forme de la dent où elle fut sculptée. Cette Vierge à l'Enfant, haute de 37,8 cm, a été sculptée dans l'ivoire à Paris, entre 1250 et 1280. Incroyables, ces restes de dorures et de polychromie au revers de sa manche. Le montant auquel elle est estimée est compris entre 1 et 2 millions d'euros, et elle est le point d'orgue des enchères de mercredi, chez Christie's, à Paris. «Cela va être l'une des plus grandes ventes de ces vingt dernières années en France», assure François de Ricqlès, le président de Christie's France, qui tiendra le marteau. Le suspens ne durera pas plus de deux heures. La Vierge à l'Enfant sera le lot 20 sur un ensemble qui en compte vingt-quatre. Or ce sont tous des joyaux. Un ensemble d'art décoratif du Moyen Âge provenant de la collection Marquet de Vasselot (1871-1946), d'une estimation globale comprise entre 2 et 3,5 millions d'euros.
Déjà, les collectionneurs d'art primitif ont passé des ordres d'achat. «Ils sont touchés par le minimalisme des objets de culte de cette époque-là», souligne François de Ricqlès. Ces œuvres ont principalement été réunies par le beau-père de Marquet de Vasselot, le grand collectionneur Victor Prosper Martin Le Roy (1842-1918), fin XIXe et début XXe siècle. «Il y a là des pièces uniques, acquises avec connaissance et passion à des ventes parmi les plus éminentes du XIXe siècle. L'ensemble somptueux formé au départ par Martin Le Roy, a été par la suite complété et étudié par son gendre, Jean-Joseph Marquet de Vasselot, historien d'art, qui fut conservateur émérite au Musée du Louvre et directeur du Musée de Cluny», explique Isabelle Degut, spécialiste de sculpture chez Christie's.
On comprend mieux que les musées publics, Le Louvre et Cluny, mais aussi la Bibliothèque nationale de France, aient acquis, dès le mois de septembre, six pièces de cette collection, profitant de la nouvelle loi de libéralisation des enchères publiques qui autorise l'État à conclure une vente de gré à gré avec une société de vente (voir nos éditions du 15 septembre). L'État a d'ailleurs pris une mesure de refus de certificat d'exportation pour trois autres œuvres de la collection. Ainsi, un livre d'heures de Jeanne de France, manuscrit enluminé sur vélin du milieu du XVe siècle. Ces pièces sont néanmoins exposées à côté des autres, avenue Matignon. Autre initiative exceptionnelle : les conservateurs du patrimoine du Musée de Cluny, Élisabeth Delahaye, et du département des objets d'art du Louvre, Jannic Durand, donneront une conférence chez Christie's, quelques heures avant la vente. Une belle leçon d'histoire, sur les ivoires gothiques à caractère profane, les figures en applique et les émaux de Limoges.
Valérie Sasportas
Connaissance des arts - 2 avril 2010
Ce bronze inconnu des historiens de l'art, resté caché au sein d'une demeure parisienne pendant plus d'un demi-siècle, vient d'être découvert par Isabelle Degut, de chez Christie's.
Une œuvre majeure de l’un des sculpteurs hollandais les plus innovants du XVIe siècle. Élève de Benvenuto Cellini, rencontré à la cour de François Ier, Willem Van Tetrode a introduit aux Pays-Bas la tradition des bronzes italiens de la Renaissance. Tombé dans l’oubli, il a refait surface en 2003 lors d’expositions à la Frick Collection et au Rijksmuseum. Seuls trois exemplaires de l’oeuvre étaient répertoriés. L’estimation, entre 180 000€ et 250000€, raisonnable pour un objet digne d’un musée, pourrait voler en éclats. Alentour, du grand classique venant pour partie de l’Hôtel de Tessé. À voir, une paire d’urnes en porphyre, travail russe d’époque Louis XVI (estimée 200 000€) et une commode estampillée Weisweiler (estimée 300 0000€). Le grand XVIIIe par ces temps de crise ? Plus que jamais un marché à deux vitesses, selon Adrien Meyer, directeur du département Mobilier et Objets d’art. Le haut de gamme s’envole alors que la qualité moyenne ne fait plus recette.
Françoise de Perthuis
Isabelle d'Amécourt Art Advisory
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